GAËLLE CRESSENT

GAËLLE CRESSENT


Née à Paris en 1982. Vit et travaille à Nantes et Strasbourg.

PLICA EX PLICA 2015
Installation, affiche couleur, film miroir sans tain, bois ;
260 x 280.


FACSIMILÉS 2015
Collage, photocopie.

Après l'obtention de son diplôme à la HEAR de Strasbourg en 2010, GAËLLE CRESSENT part vivre à Nantes où elle effectue une pause dans sa pratique. Depuis le début de l'année 2015, elle ré-engage recherches et productions autour des notions de pli et de surface. À la limite entre l'objet sculptural et l'image, elle questionne les rapports entre l'art et le quotidien.
Délaissant peu à peu les objets comme supports de réflexion, elle reste attachée aux matériaux triviaux et à la volonté de geste artistique simple dans sa pratique. Elle prépare actuellement une installation en partenariat avec Capucine Vandebrouk dans le cadre de l'exposition Bastion Commun qui se tiendra fin juin au Barrage Vauban à Strasbourg.

Alors que les œuvres de GAËLLE CRESSENT procèdent généralement de gestes sculpturaux construits tantôt par plis tantôt par surfaces, ses recherches récentes synthétisent cette qualité double des matières plastiques et textiles sollicitées pour leur dimension autant matiériste que symbolique afin d'installer un rapport de volume et de profondeur là même où le support et le motif employés pourraient être envisagés pour leur seule planéité. C'est en ce sens que le diptyque PLICA EX PLICA, tout en appartenant au registre de l'image est aussi de l'ordre de la sculpture et de l'installation, en ce qu'il s'inscrit dans l'épaisseur des interstices visuels de l'espace public afin de communiquer avec son contexte de monstration, à la frontière de l'espace commercial en friche et de la rue. Jouant de l'apparition d'un couple de figures humaines issues de l'histoire de la peinture septentrionale, celles-ci sont autant identifiables en ce qu'elles sont extraites de l'iconographie du peintre Robert Campin, que devenues anonymes par la dilution et l'effacement de leur visage du fait de la superposition sur l'image de filtres de matières plastiques propres à la réflexion ou à la dissimulation habituellement utilisées pour des surfaces vitrées. Tandis qu'il s'agit d'une citation explicite du genre du portrait identifié comme le moyen de célébrer l'éloge de l'individu aux environs des XIVe et XVe Siècles selon l'historien Tzevan Todorov, cette double composition formule un commentaire sur la place de celui-ci et le regard qu'on y porte à l'époque contemporaine. Présent de façon quasiment iconique dans les espaces de la publicité commerciale tout en cohabitant avec la somme des individus singuliers ou invisibles dans l'espace réel de la ville et de la communauté, le sujet humain, en fonction de sa position sociale et des critères de sa reconnaissance publique, comprend-on, peut apparaître comme disparaître aux yeux du commun selon le point de vue adopté. À la suite de la série de compositions Anima réalisée en 2010, qui utilisait des reproductions photocopiées de portraits peints de la période des primitifs flamands, grimées de fragments de tissu à l'endroit du visage, recouvrant ainsi le lieu de la singularité de l'individu représenté, Gaëlle Cressent développe par cette installation, tel un miroir allégorique, une invitation à l'adresse de tous les regardeurs à porter attention à l'altérité ordinaire et aux conditions de visibilité et d'invisibilité des êtres qui composent le tissu humain d'un territoire que le tissu urbain et ses rapports de force politiques et culturels tendent parfois à dissimuler.

M.R.