MATHIAS ZIEBA

MATHIAS ZIEBA


Né en 1986. Travaille entre Mulhouse, Strasbourg et Genève.
mathiaszieba.tumblr.com


HUBERT, ALFRED & GORDON 2012→2015
Hubert Ball, Alfred Ball, Gordon Ball, sérigraphie et film.

SERGIO & JOHN 2015
Film.

INDY VS ARCHIVE 2013
Film.

MATHIAS ZIEBA est diplômé de la HEAR Mulhouse le Quai (2010) et de la HEAD - Genève (2012). Son travail a pour point central l'esthétique et les espaces de la ruine qu'ils soient significatifs par leurs aspects ou simplement suggérés par leur histoire.

Étant passé, dans son parcours d'études, du graphisme au design et à la scénographie, MATHIAS ZIEBA conçoit sa pratique à l'intersection d'une part de la production effective et, d'autre part, de la mise en fiction d'espaces. C'est sans doute pourquoi il conçoit et revendique le design en tant que discipline propre à pouvoir occuper et investir un terrain artistique en ce qu'il permet autant de projeter virtuellement un imaginaire dans le réel et vice versa, que d'en traduire l'expérience esthétique par la conception d'objets intermédiaires et de restitutions spatialisées. Ce faisant, son intérêt pour des situations exploratoires à l'égard desquelles l'espace architecturé ou visuel est précisément exploré autant pour sa double qualité de sujet et de matière, se manifeste à travers le motif de la ruine contemporaine, repérée pour son caractère physique ou symbolique et sa dimension matérielle ou culturelle. Si celle-ci est digne d'être représentée aujourd'hui - à la suite de la veine pittoresque ruiniste apparue au XVIIIe Siècle qui choisissait des sujets, souvent des paysages, « dignes d'être peints » à la manière du peintre Hubert Robert, l'objectif de MATHIAS ZIEBA est, à contre-courant d'une visée picturale, de s'attacher à trouver et à mettre en œuvre les moyens d'une représentation qui dépasse la captation photographique et la fixité de l'image qui en résulte habituellement. Le projet HUBERT, ALFRED & GORDON qui a ainsi visé à imaginer l'équipement d'un explorateur urbain en créant les objets utiles à sa recherche et en les mettant en situation d'utilisation, est significatif de cette démarche de prise en charge du réel par des moyens fictionnels, afin de déjouer le langage visuel séduisant couramment développé à l'égard des artefacts de l'Homme de l'ère industrielle qui subsistent dans l'espace et l'imaginaire collectif. Conçu en quelques déclinaisons formelles, cet ensemble accueille une vidéo, traitée de façon hybride, entre documentation de l'exploration d'une friche industrielle et mise en scène de la figure d'un « urbex » dans la découverte d'un espace dont il semble prendre la mesure physiquement par l'intermédiaire d'outils d'enregistrement. Cette action est possible en effet par l'emploi de trois petites sphères métalliques, une caméra, un sonar et un scanner, dont l'ambiguïté entre leur statut fonctionnel et leur qualité d'objet sculptural est dissipée par la présentation des formes et des images qu'elles permettent de produire afin d'étendre les possibilités de perception sensible de la ruine investie et de la démarche de l'aventurier. Ainsi, tandis qu'une surface abstraite résulte de l'utilisation de « Alfred Ball » et que « Gordon Ball » produit des captures volumiques par impression 3D, « Hubert Ball » enregistre une vidéo permettant au regard d'être immergé par procuration dans les méandres du bâti abandonné et selon un point de vue rampant que le regard de l'homme n'aurait pas atteint autrement. S'il s'agit ainsi de traduire la pluralité des positions, bien que fragmentaires qu'il est possible d'adopter face à ce qui constitue un héritage "monumental" au propre comme au figuré, MATHIAS ZIEBA ouvre encore cette approche en s'emparant d'autres figures : le diptyque vidéo INDY VS ARCHIVES, par exemple, décrit dans un rapport de dualité la façon dont une culture visuelle, a priori fragile dans sa constitution et sa conservation, se construit par permanence, prolongement et translation, devenant ainsi icône contemporaine et dont la fiction participe de l'inscription durable dans les mémoires, dans les systèmes de reconnaissance.

M.R.