ROBIN GODDE

ROBIN GODDE


Né en 1984. Vit et travaille à Paris et Lyon.
www.robingodde.com


JU 2015
Installation, fers à béton, câbles, serre-câbles, élingues.

Influencé par des études de Design d'Espace et de sculpture à l'Académie des Arts de Wroclaw, en Pologne, son parcours regroupe un ensemble de pratiques et d'expériences liées à la propagation des volumes dans l'espace.
À sa sortie de l'École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg il met un pied dans la construction des décors d'opéras. Son inspiration se porte vers les chantiers de grandes constructions (ouvrage d'art, chantier naval), l'architecture (Tadao Ando) et la scénographie (Sidi Larbi Cherkaoui).

Si le travail du sculpteur est une affaire de forme, il s'agit aussi d'une affaire d'espace, devenu matière à composer autant que la matière que l'on y installe. Et si ROBIN GODDE a débuté sa pratique sculpturale dans des dimensions réduites de maquettes et des matériaux simples, celle-ci prend une nouvelle ampleur lorsqu'il s'empare des potentialités de matières souples et cependant résistantes, utiles pour conquérir une envergure d'installation et de spatialité supplémentaire. Dès lors, ces possibilités nouvelles et les contraintes qui y sont associées présentent des réponses et des solutions mécaniques propices à l'expansion recherchée. Cherchant à déployer le volume de la sculpture au maximum en regard du volume de l'espace disponible à investir, l'emploi qu'il fait désormais du fer à béton, matière avec laquelle il négocie une position d'écoute et d'échange, répond à cette recherche de propagation, à cette quête de projection des distances rendue possible par une approche physique de la matière convoquée. JU, dont le titre est un emprunt à l'art martial japonais de la souplesse, est ici une étape évolutive de la pièce intitulée D'un bout à l'autre exposée en 2011-2012 à la Halle Verrière de Meisenthal et en 2014 à la Kunsthaus Baselland. Attentif à la réaction du matériau en fonction du lieu, ROBIN GODDE a le souci de développer ses compositions de manière in situ, de sorte qu'elles se trouvent modifiées selon leur contexte de monstration, compte tenu par ailleurs des déformations progressives que les accidents potentiels impriment dans le corps brut et l'apparence brutaliste des matériaux. Dès lors si le dessein de la courbe, de sa souplesse et de son élégance demeure, compte tenu de la suspension des fers à béton qui trouvent à prendre position par leur propre poids, le dessin dans l'espace qui en résulte n'est jamais identique. Il l'est d'autant moins en fonction des points de vue que le regardeur peut occuper du fait du rapport de tension permanent entre construction et représentation qu'installe une matérialité non négligeable et de laquelle procède un effet de légèreté trompeur qu'il faut vérifier selon l'environnement de rencontre qui y est associé. Par un « travail d'équipe » bien plus que de confrontation que l'artiste négocie avec cette matière et son environnement, la sculpture de ROBIN GODDE contribue à faire habiter un espace de tension et d'attention positive là où le caractère esthétique de l'ornement pourrait faire office de repoussoir. Et s'il y a image d'un équilibre sensible ici, il n'est finalement pas tant question de représentation que de fixation d'un état sinueux de corps, paradoxalement mis en mouvement et qui, en retour, met en mouvement celui du témoin de cette dérive autant à regarder qu'à parcourir.

M.R.