L’édition bâloise 2025 d’Art Basel du 19 au 22 juin a déployé une offre toujours aussi incomparable : 289 galeries représentant 42 pays et des centaines d’artistes investissent les halls de la foire et ses avant-scènes que sont la Messeplatz, événement étendard d’Art Basel, mais aussi au-delà de cet écrin principal, à travers son Parcours essaimant à travers une vingtaine d’oeuvres dans son environnement urbain proche, à la rencontre de la vie ordinaire de la ville.
Par Dominique BANNWARTH
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L’intervention de Katarina Grosse sur la Messeplatz donne la tonalité de l’édition 2025 d’Art Basel à Bâle. Photo DB
Après le champ de blé de l’édition 2024, la Messeplatz se pare cette année d’une vague déferlante rouge créée par l’artiste allemande Katerina Grosse.
Un « all over » urbain qui se déverse au sol comme une éclaboussure qui se projette sur la façade du hall 2 et son enseigne principale.
On peut dire que d’emblée, on plonge dans le bain de l’art contemporain qui s’annonce dans les halls d’exposition de la foire.
Une nouvelle section Première pour galeries émergentes
Maike Cruse, qui pilote le rendez-vous bâlois depuis l’année dernière, insiste sur la nouveauté de cette édition avec la section nouvellement créé Première : « C’est une section destinée à des galeries plus jeunes, qui sont invitées à présenter des œuvres d’avant-garde réalisées lors des cinq dernières années. Elle permet aux galeries d’introduire sur le marché des œuvres récentes à l’occasion d’Art Basel, d’artistes à mi-carrière ou plus établies. Nous créons un espace pour les galeries qui se situent dans cette zone intermédiaire entre celles dites émergentes et celles plus établies, qui présentent des artistes « blue-chip », et qui souhaitent participer à Art Basel. »

Gypsum Gallery présente notamment les oeuvres de Basim Magdy. Photo DB
Pour se convaincre que cette initiative donne un nouveau coup de fraicheur à la manifestation doyenne suisse, deux exemples significatifs : la présentation des oeuvres de Lonnie Holley par la galerie londonienne Edel Assanti, doublée de la projection d’une vidéo de Holley dans Unlimited et celle de Basim Magdy (présenté en 2019 à la Kunsthalle à Mulhouse), présenté par Gypsum Gallery du Caire.
20 nouvelles galeries
Mais une vingtaine d’autres nouvelles galeries sont accueillies par la foire de Londres, Los Angeles, New York, Benjing ou Osaka… Preuve supplémentaire d’un désir de renouvellement de l’offre bâloise.
Les sections Statements, Feature et les propositions de Kabinett – focus sur une artiste dans quelques galeries – complètent cette palette d’offres plus audacieuses.

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Ce qui n’enlève évidemment rien à l’intérêt de parcours les deux niveaux du secteur Galléries et de retrouver ses incontournables et fidèles représentants : Hauser et Wirth, Zwirner, Ropac, Gagosian, Perrotin, Carsten Greve, Goodman, Temple, Lelong, Mennour… au rez-de-chaussée ou de naviguer dans les allées de l’étage supérieure à la découverte des accrochages de Chantal Crousel, Eva Presenhuber, Continua, Nathalie Obadia ou l’une des représentantes historiques des début, la galerie bâloise Stampa toujours présente avec cette année encore des oeuvres de Marlène Dumas, Guido Nussbaum ou l’artiste mulhousienne Véronique Arnold.

Pétales en offrande, une oeuvre de Véronique Arnold chez Stampa. Photo DB

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les bonnes surprises d’Unlimited

Unlimited. Photo DB
Mais le pèlerinage bâlois annuel doit commencer par le hall1 et l’immanquable exposition d’Unlimited, un espace où les galeries présentent des oeuvres majeures et souvent monumentales, musée éphémère toujours passionnant à découvrir.
Toujours curatorié par Giovanni Carmine, directeur de la Kunsthalle de Sankt Gallen, Unlimited affiche 67 oeuvres à découvrir.
Sous les oeuvres suspendues de Thomas Schütte s’annonce l’installation monumentale et lumineuse de 34 mètres de long, de l’Italienne Marinella Senatore, We Rise by Lifting Others (2023), portail d’entrée dans le mégashow que constitue Unlimited.

Atelier Van Lieshout. Photo DB
Certain(nes) auront peut-être eu la chance de tomber sur la performance d’un gogo lancer sur un podium installé par Félix Gonzales-Torres, mais l’espace le plus spectaculaire et surprenant réside sans conteste par l’envahissement de l’allée centrale du hall par l’Atelier Van Lieshout. The voyage- A march to Utopia 2025, figure une sorte de débâcle de ferrailles, d’engins, de mannequins et d’objets hétéroclites jetés en vrac dans la travée, comme une procession vers un ailleurs inconnu.

Gesture to home du Haïtien Didier William. Photo DB
L’on pourra aussi apprécier l’installation Gesture to home du Haïtien Didier William juxtaposant peintures de cyprès et sculptures végétales humanoïdes.

The forgotten Dreams de Jaume Plensa. Photo DB
Avec The forgotten Dreams 2020, Jaume Plensa nous invite à traverser un long couloir jalonné de part de d’autres des articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme gravés sur 21 portes, évocation du rêve perdu de l’humanité par ces temps tourmentés…
Walid Raad a réalisé une vidéo démultipliée en kaléidoscope de la démolition et de la reconstruction du centre de Beyrouth.

Installation vidéo de Walid Raad. Photo DB
Robert Longo combine dessin art vidéo, alors que Lonnie Holley avec son filml I snuck off the slave ship 2019 nous installe sur des bancs d’église pour évoquer en musique et en chants l’expérience des noirs américains.

Robert Longo. Photo DB

San Michele parJeff Geys. Photo DB
Jeff Geys s’est penché sur les sépultures du cimetière vénitien de l’île de San Michele pour associer à ces photos, un herbier de plantes séchées.
Avec Traces 2025, Tiffany Chung réalise une cartographie brodée des itinéraires humains sur la planisphère, des sites néolithiques aux routes maritimes du commerce des épices, évocatrices des itinéraires associés au conflits, du colonialisme au capitalisme contemporain.

Traces 2025, Tiffany Chung
Peu de photographies, mais deux noms prestigieux sont exposés: Diane Arbus et Lewis Baltz.
PARCOURS

Photo DB
S’il vous reste de l’énergie et de la curiosité, quittez la Messe pour remonter la Clarastrasse jusqu’à la Mittlere Brücke, faite un crochet au bord du Rhin, et en prenant le Fâhri qui vous emportera au fil de l’eau sur l’autre berge, remonter sur la place de la cathédrale pour finir ce périple citadin avec une oeuvre minimaliste dans l’entrée du musée historique de la Barfüsserplatz…