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Art Basel 2025 au Grand Palais : Paris réussi !

L’édition 2025 d’Art Basel Paris, dirigée par Clément Delépine (*) a accueilli 206 galeries internationales de premier plan – dont 180 au sein du secteur Galeries – et 65 exposants ayant un espace en France, du 24 au 26 octobre sous la voûte du Grand Palais avec une fréquentation estimée de 73 000 entrées.

Par Dominique BANNWARTH

L’édition 2025 d’Art Basel Paris a retrouvé l’espace rénové du Grand Palais. Sous la grande  verrière s’agite durant une petite semaine, le monde de l’art contemporain : marchands, collectionneurs, prescripteurs, journalistes et critiques, sans oublier les VIP et autres célébrités qui  sillonnent les allées. Le public « ordinaire », simple amateur d’art moderne et contemporain, peut – en s’acquittant d’une entrée à 45 euros tout de même – plonger dans cet univers où la créativité des artistes rejoint les arcanes du marché de l’art.

La notion de marché étant évidemment étroitement liée à celle de l’argent qui donne aussi sa valeur aux oeuvres exposées.

Il reste que la foire parisienne qui a remplacé la défunte FIAC, prend désormais toute sa place dans le contexte européen, au même titre qu’Art Basel à… Bâle, base historique de cet événement aussi décliné à Miami, Hong Kong et maintenant à Doha au Qatar.

Cette multinationale de l’art contemporain balaie ainsi toute la planète en segmentant son offre de façon géographique.

Paris prend peu à peu toute sa place dans ce dispositif, jouant à plein de ses atouts de ville lumière, de capitale de la mode et du luxe, de son cadre romantique de carte postale… A quelques centaines kilomètres de là, en Suisse, sur les bords d’un Rhin tranquille, la vieille Cité de Bâle n’offre pas la même palette attractive. De là à penser que Paris va faire de l’ombre à Bâle…

Les chiffres de fréquentation – 92 000 visiteurs à Bâle cette année, 65 000 en 2024 dans la capitale française – sont un indicateur de l’état de cette nouvelle concurrence. Mais le chiffre d’affaires aussi…en fonction de la tenue du marché mondial de l’art.
Selon le rapport annuel d’UBS, publié par Art Basel au printemps dernier, l’année 2024, a vu la tendance déjà enregistrée en 2023 se confirmer. A savoir, un mouvement à la baisse, avec un recul global du marché de l’art de 12%.

Les premiers commentaires sur l’édition française de cette année semblent suggérer que les transactions, cette année, vont bon train.

Paris a des atouts à comparer à ceux de Bâle. Si cette dernière peut proposer à ses visiteurs d’autres événements et lieux prestigieux, comme les expositions de la Fondation Beyeler, du Kunstmuseum ou du Schaulager, Paris aligne un panel de propositions exceptionnelles ; grande  rétrospective Gerhardt Richter à la Fondation Vuitton, Bourse du Commerce, Fondation Cartier dans son nouvel espace conçu par Jean Nouvel.

Comme le relève le journal Le Monde, tout cela « bénéficie à l’économie parisienne », rappelant qu’ « une étude d’impact d’Art Basel 2024 estime à 194 millions d’euros les retombées (hôtellerie, restauration, transports, loisirs) de la venue de 65 000 visiteurs, dont 41 % se sont déplacés spécialement pour l’événement. ».

Et de noter également que « les VIP invités ont eu une dépense quotidienne moyenne de 1 232 euros. Hors ventes de tableaux, la production économique totale liée à la foire est évaluée à 442 millions d’euros.»

« Pendant Art Basel Paris, notent les organisateurs,  la foire agit aussi comme principal catalyseur du marché français de l’art – quatrième au niveau mondial, représentant 7 % des ventes globales et plus de la moitié de la valeur totale de l’Union européenne, selon le Art Basel and UBS Art Market Report 2025. »

(*) Art Basel a annoncé la nomination de Karim Crippa au poste de directeur d’Art Basel Paris, en remplacement de Clément Delépine qui rejoint la Fondation Lafayette Anticipations.

A Paris, le marché sourit aux marchands

Quelques chiffres divulgués dans la presse (Le Figaro et Le Monde notamment) illustrent ce phénomène : la galerie zurichoise Hauser & Wirth a ainsi placé un tableau de Gerhard Richter pour 23 millions d’euros, profitant au passage de son actualité à la Fondation Vuitton. Chez Almine Rech, une lithographie reprise au crayon gras de Picasso se vend entre 500 et 600 000 euros, alors qu’une oeuvre de James Turrel atteint le million de dollars. Egalement mentionnés les scores d’un Modigliani (10 millions de dollars chez la galerie new-yorkaise Pace) ou cette sculpture de Ruth Asawa cédée à 7,5 millions de dollars chez Zwirner. Maurizio Cattelan en version réduite, a permis à la galerie Perrotin d ‘écouler une douzaine de pièces affichées entre 90 000 et 180 000 euros, alors qu’un Alberto Burri a été acheté pour 4,2 millions d’euros chez Thaddeus Ropac.

 

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Bilan officiel des ventes

Art Basel Paris a communiqué son bilan sous la forme d’une synthèse signée Elliat Albrecht, dont voici l’essentiel des conclusions;

« Si les deux premières journées ont été marquées par des ventes à sept et huit chiffres, c’est Hauser & Wirth qui a mené la danse avec Abstraktes Bild (1987) de Gerhard Richter, vendue 23 millions de dollars lors de la nouvelle avant-première. Pace a placé Jeune fille aux macarons (1918) d’Amedeo Modigliani pour un peu moins de 10 millions de dollars et Children Playing (1999) d’Agnes Martin pour 4,5 millions de dollars. David Zwirner a annoncé plusieurs résultats à sept chiffres, dont une sculpture suspendue de Ruth Asawa pour 7,5 millions de dollars et une toile de Martin Kippenberger pour 5 millions de dollars.

Les jours suivants, le marché haut de gamme n’a montré aucun signe de ralentissement, les galeries de premier plan du secteur Galeries ayant su maintenir l’énergie du vernissage pendant toute la semaine. White Cube, qui avait suscité l’attention des médias lorsqu’une toile de Julie Mehretu datant de 2007 s’était vendue 11,5 millions de dollars lors de l’avant-première VIP de la semaine dernière, a maintenu cette dynamique avec plusieurs ventes majeures, dont un mobile d’Alexander Calder de 1973 cédé pour 4,85 millions de dollars, une toile intimiste de Luc Tuymans de 2001 pour 1,35 million de dollars, et une œuvre récente à la poudre à canon de Cai Guo-Qiang, vendue 1,2 million de dollars.

La semaine s’est révélée tout aussi réussie pour Thaddaeus Ropac, dont la vente à 4 millions de dollars de la sculpture en bronze Cowboy (2024) de Georg Baselitz mercredi dernier a donné le ton à une série de transactions. Dimanche, quatre autres peintures à l’huile de l’artiste allemand avaient trouvé preneur, chacune pour des montants compris entre 988 000 et 1,4 million de dollars. Parmi les autres œuvres qui ont attiré l’attention des visiteur·euse·s sur le stand de Ropac figurait The Solemn Entry of Louis XIV 1667 (2016) d’Elizabeth Peyton, inspirée de Versailles, vendue 1,3 million de dollars. Revenant sur la semaine, le fondateur Thaddaeus Ropac a déclaré : « Ce fut une semaine très solide à Paris – meilleure que prévu, avec un regain de dynamisme notable. »

L’intérêt institutionnel est également resté soutenu. Goodman Gallery a confirmé plusieurs acquisitions muséales importantes, notamment deux œuvres majeures de l’artiste sud-africain William Kentridge : un dessin de 1994 acheté par un musée américain pour 600 000 dollars, et un film de 1991 acquis par le Louisiana Museum of Modern Art au Danemark pour 450 000 dollars. Parmi les autres ventes figurent deux pièces en perles de verre de la série A Coincidence of Wants de Kapwani Kiwanga (130 000 dollars chacune), toutes deux acquises par des collectionneur·euse·s européen·ne·s.

À travers la foire, les galeries françaises et européennes ont bénéficié de la vitalité de l’écosystème local. Dans le secteur Galeries, la galerie parisienne Mennour a annoncé trois ventes au-dessus du million de dollars, dont une œuvre d’Andy Warhol (1,5 million de dollars) et deux peintures de Lee Ufan (1 million de dollars chacune). Tornabuoni Art a vendu la nature morte Nature Morte (vers 1950) de Giorgio Morandi pour 2,3 millions de dollars, tandis que chez Templon, plusieurs œuvres de Kehinde Wiley se sont vendues entre 85 000 et 125 000 dollars.

Les galeries parisiennes ont été particulièrement actives. La Galerie Chantal Crousel a confirmé des ventes significatives d’œuvres de Gabriel OrozcoRirkrit TiravanijaMona Hatoum et Haegue Yang, dont les prix oscillaient entre 87 000 et 140 000 dollars, tandis que sur le stand de frank elbaz, des œuvres de Sheila HicksKenjiro OkazakiMungo Thomson et Machiko Ogawa se sont vendues entre 14 000 et 300 000 dollars.

Les jeunes galeries et les primo-participants ont également été à l’honneur avec de nombreuses ventes réalisées, témoignant d’une demande constante pour les œuvres en dessous de 10 000 dollars. La galerie tbilissienne LC Queisser a été particulièrement remarquée dans le secteur principal de la foire, en vendant quatre œuvres en techniques mixtes de l’artiste géorgienne Elene Chantladze pour un peu plus de 8 000 dollars chacune.

Dans le secteur Emergence, The Pill a placé l’intégralité de l’installation de Nefeli Papadimouli, composée de huit panneaux textiles distincts, auprès d’une collection privée française pour un montant situé entre 100 000 et 120 000 dollars, et ce dès les premières heures de la foire.

Parmi les succès marquants de cette édition figure le stand de la galerie saoudienne Athr dans le secteur Galeries, où elle a proposé une présentation consacrée à trois artistes femmes – Sarah Abu Abdallah, Haifa Algwaiz et Lulua Alyahya – et vendu des œuvres de chacune d’entre elles, avec des prix allant de 2 800 à 8 400 dollars. Ces résultats ont souligné la visibilité culturelle et commerciale croissante de l’Arabie saoudite sur la scène mondiale. Le cofondateur Mohammed Hafiz a commenté : « L’accueil et les ventes ont été incroyables, et la présence constante de collectionneur·euse·s engagé·e·s a démontré la force grandissante de la foire. »

 

L’édition 2025 a accueilli 73 000 visiteurs

Clément Delépine, directeur d’Art Basel Paris : « Cette deuxième année au Grand Palais nous a vraiment donné l’impression d’être chez nous. Le salon a trouvé son rythme ici, et son lien avec la ville n’a jamais été aussi fort. Ce fut un privilège de contribuer à façonner cette aventure aux côtés d’une équipe extraordinaire et d’une communauté internationale. »