Confluences à la Fondation Schneider
Sous le titre générique de Confluences, la fondation François Schneider de Wattwiller a imaginé un dialogue entre les oeuvres de sa collection et une sélection d’oeuvres issues des trois Fonds régionaux d’Art contemporain du Grand Est (Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine).
Par Dominique BANNWARTH

Sarah Guilain, commissaire de l’exposition, à côté de l’oeuvre d’Emma Perrochon. Photo DB
La notion de confluence correspond à un processus où divers courants se rejoignent et constituent un nouvel ensemble. Ce principe préside à la nouvelle exposition de la Fondation Schneider où les oeuvres de son propre fonds et celles des FRAC du Grand Est se rejoignent dans une même continuité, «une résonance » comme le souligne Sarah Guilain, la commissaire de l’exposition.
Le propos se décline en plusieurs espaces thématisés et emprunte à de multiples formes d’expression : peinture, photographie, sculpture, vidéo, textile…
« L’exposition se compose de plusieurs thématiques qui traitent de l’horizon, de la surface, de l’embarcation, du côté architectural mais aussi des plages urbaines et du rapport du corps à l’eau », énumère Sarah Guilain.
Les pièces d’Eva Nielsen et Bernard Moninot ouvrent cet horizon vers l’aquatique. La première avec une structure métallique qui laisse entrevoir la mer comme un possible lointain, le second avec l’espace confiné d’une serre dont les parois se couvrent de condensation.

Les oeuvres d’Eva Nielsen et Bernard Moninot ouvrent l’exposition et la thématique « Horizon ». Photo DB
Uri Tzaig propose un triptyque plus abstrait aux strates évocatrices du ciel, de l’eau et de la terre, alors qu’Olivier Crouzet choisit la verticalité pour une vision fragmentée similaire.
Récente acquisition du FRAC Lorraine, la grande toile d’Emma Perrochon est constituée d’un linge de lin, traité avec des matériaux jadis utilisés par les lavandières, des cendres, de l’huile de lin, des pigments bleus renvoyant aux champs de lin… l’ensemble simplement suspendu sur une corde à linge comme s’il s’agissait d’un drap mis à sécher au soleil.

Jennifer Douzenel et Hélène Mugot. Photo DB
La présence de l’eau envahit l’écran liquide de Blink conçu par Jennifer Douzenel, dans une sorte de « all over » vibratoire et scintillant, immédiat.
Le caisson lumineux d’Hélène Mugot, s’inspire quant à lui du mythe de Danae dans une forme métaphorique évocatrice d’une nature inaltérée.
L’étape suivante de ce voyage dans l’élément liquide, nous invite à l’embarquement. De manière très concrète avec une ossature de barque qui semble échouée, de manière documentaire à travers la vidéo de Julie Chaffort et ses moutons noirs qui naviguent d’une berge à l’autre sur un simple radeau, de façon poétique et fragile avec la sculpture de Sylvia Lacaisse.

Photo DB

Un dessin de Cécile Carrière. Photo DB
Un dessin de Cécile Carrière symbolise des figures humaines dans une barque traversée par l’onde alors que Linda Fregni Nagler utilise la technique du ferrotype en noir et blanc pour des portraits embarqués, personnages posant dans de faux bateaux comme dans la tradition des portraits de foire d’antan.

Linda Fregni Nagler utilise la technique du ferrotype en noir et blanc pour des portraits embarqués. Photo DB
Aux ondes aquatiques répondent comme en écho, les reflux du passé. Celui de piscines désaffectées, architectures du vide et de l’absence, captées par l’objectif de Gigi Cifali.

Les piscines abandonnées de Gigi Cifali. Photo DB
Celui de cette ancienne synagogue recyclée en piscine à Poznan dans une vidéo d’Uriel Orlow, dont le souvenir s’exprime dans une oraison funèbre.
Le sujet des plages urbaines offre à Céline Dias une série de photographies centrée sur le bord de mer de Saint-Quentin, première plage urbaine en France, créé en 1996.

Les plages urbaines de Céline Dias. Photo DB

Massimo Vitali.
Photo DB
Un phénomène qui transforme les villes et invite les habitants à changer de paradigme quotidien. Un prétexte également choisi par Massimo Vitali qui confronte le contexte industriel à ce nouvel espace de loisirs d’une plage citadine.
Une installation animée et sonore de Miller Levy ajoute à l’ambiance balnéo-maritime de l’espace.
Pour finir cette immersion dans cette confluence artistique, on peut se projeter dans l’utile surface de l’exposition comme l’y incitele plongeoir de Philippe Ramette,

Le plongeoir de Philippe Ramette. Photo DB
juché au-dessus d’une fausse piscine du duo Sandra et Ricardo, s’immerger dans les quatre écrans de Marcel Dihabet et suivre les évolutions sous-marines de la chorégraphe Maud Le Pladec.

Une fausse piscine du duo Sandra et Ricardo. Photo DB

Photo DB
Les images fixes de l’Américaine Rashia Linendoll- Saweyer suggèrent également cette sorte d’immersion en apesanteur dans l’élément liquide, alors que Sandy Skolund inonde de manière très onirique ses photographies bleutées de bancs de poissons rouges…

Sandy Skolund.
Gardons pour la fin, le film de l’Autrichien Harald Lund qui recréé avec des comédiens en apnée des scènes de vie familiale, d’ambiance de bar et de discothèque…

La vidéo de l’Autrichien Harald Hund. Photo DB
Confluences
Exposition à la Fondation François Schneiger à Wattwiller (Haut-Rhin)
Du 26 avril au 28 septembre 2025.