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"Territoires mouvants" présenté par les lauréats de la Fondation François Schneider

Six jeunes lauréats deTalents Contemporains, un rendez-vous proposé chaque année par la Fondation François Schneider à Wattwiller, sont rassemblés sous le titre « Territoires mouvants » pour l’exposition de la 12e édition de ce concours international.

par Dominique Bannwarth

Noemie Sjöberg, l’une des lauréates de la 12 édition. Photo DB

La thématique – imposée à Wattwiller – de l’eau irrigue ces créations qui explorent au-delà de ce thème les questions de l’immigration, de l’identité géopolitique, mais aussi les crises actuelles de notre société et l’impérieux enjeu environnemental qui se pose à notre civilisation de la consommation.

Les possessions / Aurélie Mauplot

« Les possessions » par Aurélien Mauplot. Photo DB

C’est un atlas planétaire singulier que réalise Aurélien Mauplot. Le support de cette cartographie mondiale, ce sont les pages du roman Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne.

Au jet d’encre se dessinent les contours des principaux pays, îles ou archipels, comme autant de silhouettes muettes, presque spectrales.

Cette mosaïque est organisée de manière aléatoire à l’exception de la carte de l’Ethiopie placée en début de série, pour marquer l’origine de la présence humaine, et de la dernière page laissée à l’ile de la Possession, échantillon de l’archipel français du Crozet situé dans le sud-ouest de l’océan indien.

L’encre noire confère une part de mystère à tous ces territoires qui animent  cette constellation terrestre.

Nuit égarée / Bilal Hamdad

« Njuit égarée » par Bilal Hamdad. Photo DB

Dans cette série, Bilal Hamdad qui porte une attention particulière dans son travail à l’espace urbain et son environnement y compris humain, met en scène des corps allongés dans une eau stagnante. La référence aux naufragés immigrés de la Méditerranée ou de la Manche est évidente. Mais l’artiste convoque aussi le célèbre tableau de John Everett Millais, Ophélie, dans l’image intitulée « Nuit égarée ».

Les particules, le conte humain d’une eau qui meure / Manon Lanjouère

« Les particules, un conte de l’eau qui se meure » par Manon Lanjouère. Photo DB

« Je suis devenue une artiste militante » s’exclame Manon Lanjouère en commentant son installation. Son combat, ce sont les mers et les océans, menacés plus que jamais par les pollutions humaines. Son voyage à bord de la goélette Tara a marqué le commencement de cette démarche et sa recherche sur les espèces marines en danger.

Les déchets collectés sur les plages – coton-tiges, stylos, élastiques à cheveux, agitateurs de boisson – lui ont servi de matière première recyclée dans des reproductions de micro-organismes marins. Neuf tirages cyanotypes sur verre, qu’un voile fluorescent accentue, sont reliés entre eux par une vague constituée de plastiques de bouteilles redécoupés en « chips » perforés et cousus entre eux, relient ces images.

L’esthétique de l’installation ne doit pas nous tromper sur le véritable enjeu de la démarche de Manon Lanjouère. Sur des bases qui convoquent aussi des données scientifiques, cette trame artistique s’affiche aussi comme un magnifique manifeste pour la sauvegarde de notre environnement.

Léviathan / Ugo Schiavi

« Léviathan » par Ugo Schiavi. Photo DB

Ugo Schiavi utilise aussi des déchets plastiques pour la réalisation des ses oeuvres. Il poursuit sa démarche consistant à mettre en relation un monde antique et nos sociétés post-industrielles contemporaines.

Son Léviathan, figure mythique empruntant aussi à la tradition juive, surgit des flots sous forme d’une statue-fontaine dominée par la figure de Poséïdon, sorte de totem aquatique inquiétant.

One euro to jump now / Noemie Sjöberg

« ‘One euro to jump now » par Noemie Sjöberg. Photo DB

Le tourisme de masse contribue à abîmer la planète et menace le climat. Dans One euro to jump now , Noemie Sjöberg a filmé cette scène paradoxale d’adolescents sautant d’un pont dans l’eau du Douro au Portugal, pour plaire aux touristes. Pendant ce temps, les pelles géantes des engins de chantier plongent également dans l’eau du fleuve, dont elles vont aménager les berges et les ports pour s’adapter aux nouveaux usages surconsuméristes liés à l’afflux de touristes.

Noemie Sjöberg, l’une des lauréates de la 12 édition. Photo DB

« Le tourisme de masse est obsolète, il est urgent de repenser notre manière de voyager, dans le respect de la planète et de ses habitants », clame l’artiste.

Dans la petite boîte à musique en bois rouge, l’image se reflète dans un miroir brisé, symbole de la détérioration du monde.

Il pleuvait sur l’agora / Ulysse Bordarias

« Il pleuvait sur l’agora » par Ulysse Bordarias. Photo DB

Ulysse Bordarias juxtapose dans ses dessins le monde réel et le monde imaginaire, la représentation humaine et celle de la nature, des paysages, des tornades. Nageurs et nageuses évoluent dans une sorte de puzzle narratif évoquant notamment tout le cycle de l’eau, mais figurant aussi des paysages, montagnes, champs ou des milieux urbains.

Dans cet imbrication du corps physique et de son environnement, se joue toute la problématique de notre époque, où société et nature s’affrontent dans un combat pour la survie du monde.

Jusqu’au 23 mars 2025 à la Fondation François Schneider à Wattwiller.

LA FONDATION SCHNEIDER