Pour l’édition 2024 de la Biennale de la Photographie de Mulhouse, Mulhouse Art Contemporain co-organise avec la BPM l’exposition « Monuments et immortelles » présentée à la Chapelle Saint-Jean de Mulhouse et dont le commissariat a été confié à Sonia Voss. Deux artistes ont été invités à investir ce lieu historique de la ville : Andrej Polukord et Léa Habourdin.
« Monuments et immortelles »
Dans notre époque marquée par de sombres perspectives écologiques, les stratégies artistiques développées par Andrej Polukord et Léa Habourdin provoquent nos imaginaires et nous incitent à inventer de nouveaux rapports avec la nature. Andrej Polukord passe par la performance et la photographie pour dénoncer les phénomènes de déforestation massive et se moque de l’humain qui détruit les arbres en les transformant en piédestaux de monuments érigés à sa gloire. Léa Habourdin revient sur les découvertes d’un chanoine-botaniste du XVIIIe siècle pour réfléchir au devenir des dunes et des forêts de Nida en Lituanie.
Mondes Impossibles / 6e édition de la Biennale de la Photographie de Mulhouse.
Du 13 septembre au 13 octobre 2024.
Samedi et dimanche : 14h-18h, les autres jours sur rendez-vous.
Commissaire : Sonia Voss
Scénographie : Nigel Baldacchino
Exposition organisée dans le cadre de la Saison de la Lituanie en France 2024 en partenariat avec l’Union des Photographes de Lituanie. Coproduction avec Mulhouse Art Contemporain.
« Wood statues »
Andrej Polukord
Andrej Polukord se met périlleusement en scène au sommet de troncs d’arbres abandonnés par les exploitants et les braconniers responsables des déforestations massives en cours dans son pays. Pris au moyen format, ses portraits le montrent perché tel une statue à la fois héroïque et ridicule, dénonçant dans un geste humoristique et mordant l’humain qui détruit la nature pour sa propre satisfaction. Jouant avec les thèmes de la glorification et du sacrifice, les œuvres d’Andrej Polukord résonnent avec l’environnement particulier de la chapelle Saint-Jean.
Né à Vilnius en 1990, Andrej Polukord œuvre à l’intersection de l’installation, de la performance, de la photographie et de la vidéo. Diplômé de l’académie des Beaux-Arts de Vienne en 2015, il est corécipiendaire du prix de la Kunsthalle de Vienne en 2016, puis invité en 2017 à participer au programme culturel Rupert. Élaborant des environnements imprévisibles et des situations absurdes, créant doubles-sens et ambiguïtés, il explore avec humour et sens de l’aventure des thèmes tels que l’écologie et l’activité de l’humain dans la nature. S’appuyant également sur les cultures vernaculaires et les récits mythologiques, son processus créatif mêle critique des institutions et mise-en-scène de soi. Andrej Polukord vit et travaille à Vilnius et Vienne.
Mélopées
Léa Habourdin
L’artiste française Léa Habourdin entretient depuis longtemps un rapport particulier avec la Lituanie où elle s’est rendue à plusieurs reprises. Le travail présenté est le résultat d’une résidence à Nida, réalisée au printemps 2024. Inspiré par les recherches des frères Desbiey sur la fixation des dunes (vers 1760-1774), il prend la forme d’une installation, réalisée à partir d’une photographie prise dans les dunes de l’isthme de Courlande, fragmentée et imprimée en sérigraphie sur du lin de Lituanie teint aux pigments naturels d’immortelles, de fleurs de garance, d’artichaut et de cosmos. Le caractère vibrant et fragile de l’image reflète la situation de notre nature, amenée à disparaître sous nos yeux.
Née en 1985 dans le nord de la France, Léa Habourdin a d’abord étudié l’estampe à l’école Estienne puis la photographie à l’ENSP d’Arles. Attentive à la diversité des formes de vie, sa pratique veut dessiner d’autres manières d’entrer en résonance avec le vivant. Elle observe le rapport que nous entretenons aux autres animaux, aux paysages et convoque les notions de survie, de fracture, de reconstruction pour composer un récit autour de ce que nous appelons « le sauvage ». Explorant des champs tels que l’éthologie, la recherche en science appliquée ou encore la botanique, elle déploie un travail en dessin et photographie où la place du livre et l’objet imprimé est cruciale.
La résidence de recherche et de création de Léa Habourdin à Nida a été rendue possible par l’Institut Français.
"Dans notre époque marquée par de sombres perspectives écologiques, les stratégies artistiques développées par Andrej Polukord et Léa Habourdin provoquent nos imaginaires et nous incitent à inventer de nouveaux rapports avec la nature."
Sonia Voss, commissaire de l’exposition
Sonia Voss est auteure et commissaire d’exposition indépendante. Son exploration de la photographie est-allemande l’a conduite à présenter entre autres l’exposition Corps impatients aux Rencontres d’Arles 2019. Plus récemment, elle a élargi son champ de recherche aux scènes de divers pays d’Europe de l’Est dans les années 1970 et 1980.
Elle était par ailleurs commissaire invitée du Prix Découverte Louis Roederer aux Rencontres d’Arles 2021. Dans cette perspective contemporaine, elle accompagne plusieurs artistes parmi lesquel·les Isabelle Le Minh, Anton Roland Laub, Thibault Brunet et Orianne Ciantar Olive. Elle collabore régulièrement avec des maisons d’édition, dont Atelier EXB avec laquelle elle a publié une monographie du photographe japonais Kusukazu Uraguchi en 2024. Elle vit entre Paris et Berlin.