Dans le cadre de la nouvelle présentation des pièces de la collection de la Fondation Beyeler de Riehen, sous le titre « La fille de la liberté », une salle a été spécialement dédiée au sculpteur allemand Thomas Schütte.
Par Dominique Bannwarth
Sa conception a été confiée au « Young Think Tank » de la Fondation qui a sélectionné une série de sculptures de l’artiste allemand et propose également une série d’aquarelles de Schütte, des pièces acquises en 2014 par la Fondation et présentées pour la première fois au public.
A l’occasion du 70e anniversaire de Thomas Schütte, une projection du film documentaire « Ich bin nicht allein », réalisé par Corinna Belz, a été programmé le 15 novembre dernier à la Fondation.
La réalisatrice a participé à cette soirée qui a permis de redécouvrir l’univers de l’artiste allemand, élève de Gerhardt Richter à Düsseldorf (sur lequel Corina Belz a également réalisé un film) à travers notamment la conception et la réalisation de son oeuvre monumentale « Nixe » installée au MOMA de New York.
On y découvre surtout la manière de travailler de Schütte, cette façon de modeler ses visages comme dans une sorte d’autoportrait où les mains, les doigts malaxent la terre, la déforme, la caresse, la souligne, dans une expressivité du geste que la caméra de Corinna Belz a magnifiquement captée.
On comprend aussi comme le titre du film correspond au processus de création de l’artiste, en pénétrant dans l’intimité des ateliers de céramique, de fonderie ou de verrerie, dans cette communion créatrice avec ces artisans, partenaires et acteurs indispensables de la production des oeuvres, avec lesquels Schütte partage ses projets. Une sorte de « ‘travail en famille » suggère Corinna Belz.
« J’ai essayé de sauter par dessus son ombre » (« über sein Schatten zu springen ») explique la réalisatrice dont le regard n’a rien d’intrusif, au contraire. L’objectif accompagne les mouvements de l’artiste dans le geste créatif avec une grande subtilité. Il suit discrètement la déambulation de Schütte dans son atelier, ses échanges brefs avec ses collaborateurs, ses pauses cigarettes et ses quelques réflexions plus existentielles.
On découvre encore ce moment magique de la réalisation d’une aquarelle née d’un simple point d’interrogation coloré. Ou encore son souci de « vitesse » dans l’exécution d’un modelage d’une de ses figures.
« Mon souci c’était que l’artiste se retrouve dans ce film », précise la réalisatrice.
En tout cas, son film, mais aussi la salle que lui consacre la Fondation Beyeler, offrent une belle occasion de retrouver l’oeuvre de Thomas Schütte.
Une oeuvre polyvalente
`Thomas Schütte étudie de 1973 à 1981 à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf auprès de Fritz Schwegler et de Gerhard Richter. Son oeuvre est très polyvalente :gravures, maquettes d’architecture, travaux en argile, bronze, bois ou verre.
Schütte est considéré comme « un solitaire qui échappe aux tendances actuelles et qui est attiré par le figuratif. » Et surtout, il travaille exclusivement avec ses mains renonçant à toute autre forme d’installation ou de proposition conceptuelle.