MAC, fidèle à ses objectifs de montrer l’art contemporain dans des lieux inédits à la rencontre de nouveaux publics, investit un nouveau site mulhousien : KMØ, pépinière de start-ups installée au cœur de la friche industrielle de l’ancienne SACM dans le quartier de la Fonderie. MAC y présentera pour la première fois le travail pictural et vidéo de Fahd El Jaoudi, artiste natif de Mulhouse, aujourd’hui installé à Paris, qui interroge notamment le rapport au signe et au corps dans les cultures judéo-chrétienne et arabo-musulmane.

Vernissage le mercredi 02 septembre à 18H00, en compagnie de l’artiste • KMØ

Ø(FF)20 FAUDA
Mulhouse Art Contemporain a invité Fahd El Jaoudi au KMØ dans le cadre de Ø(FF)20. Sous le titre Fauda l’artiste présente, du 2 au 25 septembre 2020, des peintures, sérigraphies et vidéos, avec l’intention de faire dialoguer deux de ses pratiques : « le film et la peinture, deux supports aux espaces-temps et à la perception radicalement différente ; et de tenter par l’abstraction picturale de faire écho aux exubérances figuratives de l’image en mouvement. Faire se côtoyer deux systèmes hiératiques, l’occidental et l’oriental, dans leurs formes les plus brutales et laisser les zones poreuses se révéler ».

Ø(FF)20, une exposition en marge de la Biennale de la Photographie de Mulhouse

«Tout a commencé avec l’option Histoire de l’Art au lycée Montaigne de Mulhouse et depuis l’enfance un intérêt pour le dessin.»

Fahd El Jaoudi convoque ses souvenirs de jeune Mulhousien, qui a grandi dans le quartier de la Fonderie, pour introduire son propos sur l’exposition Fauda qu’il présente du 2 au 25 septembre au KMØ.

La proposition de Mulhouse Art Contemporain de réaliser l’exposition du Ø(FF)20 dans ce nouveau lieu high-tech et tendance de Mulhouse a immédiatement déclenché chez l’artiste la mécanique de la mémoire.

Dans ce quartier où la maison bleue de ses parents où il a grandi fait toujours face à la Fonderie désormais vouée à l’enseignement supérieur et à l’art contemporain, Fahd se retrouve dans un contexte familier, bien que vivant à Paris depuis des années.

En préambule à son exposition mulhousienne (la première ici après avoir notamment été présenté à la Villette), il tient à dire son attachement à Mulhouse, à cette prof, Régine Fimbel, qui un jour lui a dit : « tu devrais tenter les arts déco », qui lui a ouvert des portes dans la tête, sa reconnaissance aussi à l’école qui lui a donné la chance d’aborder l’art contemporain, cette manière de « mettre des mots sur quelque chose de diffus », faisant de lui, jeune issu de l’immigration, « un pur produit de l’école républicaine ».

« Quand on vient d’un milieu populaire et comme fils d’immigré, on n’a pas l’habitude de manipuler des notions abstraites, à conceptualiser les choses, pour moi, ça a été une révolution intellectuelle », avoue l’artiste.

Aujourd’hui, il se définit plus volontiers comme «faiseur d’images, plasticien au sens large car toutes les frontières sont devenues hyper floues. Est-ce qu’une peinture postée sur Instagram reste une peinture ? Tous les équilibres ont changé et les œuvres sont aujourd’hui majoritairement vues sur des supports électroniques, il n’y a plus de hiérarchie ».

Dans ce monde d’images, où il exerce professionnellement au sein de Minsk Studio qu’il a créé à Paris, Fahd El Jaoudi se consacre à la création visuelle et à la direction artistique dans le monde de la mode, de l’art, du design… Il a également enseigné à l’Atelier de Sèvres, où il a côtoyé des étudiants.

« Cela a été une vraie révélation, la première fois que je suis entré dans une église, lors d’une sortie scolaire. J’étais complètement fasciné par les codes visuels mis en œuvre, une image abstraite convertie en signes. On a une idée impalpable et là on la rend palpable, avec une image et des symboles. C’était en totale opposition avec ma culture arabo-musulmane, avec le fait de ne pas représenter la figure humaine. La culture arabo-musulmane s’est totalement projetée dans l’abstraction. »

« J’ai été de suite très conscient de la puissance de l’image et de ces deux stratégies contradictoires : l’une maîtrisant l’image, l’autre l’interdisant. Là où se rejoignent les deux dogmes, c’est dans l’exubérance, dépassant le cadre de l’humilité et de la décence. »

« Ce qui m’a beaucoup intéressé c’est la surface des choses dans l’art islamique, dans cette construction de motifs répétitifs qui induisent l’idée d’infini, de quelque chose qui nous dépasse… En opposition avec la culture judéo-chrétienne qui privilégie l’exaltation du corps humain, l’expérimentation de la souffrance des corps. On arrive à des points d’orgue dans chacun de ces domaines avec des œuvres poussées à l’extrême. »

« D’un côté ce rapport au corps physique qui traduit les émotions, de l’autre quelque chose de complètement désincarné, où le corps n’a pas de rôle à jouer. »

« La souffrance du Christ est très terre à terre, très physique ce qui n’est pas le cas dans l’art arabo-musulman. »

Fahd El Jaoudi évoque aussi son rapport à la sémiologie : ici « l’image remplace les mots, une position des mains, une posture est censée évoquer une idée très précise, très singulière. C’est comme une sorte de charte visuelle ».

Dans l’expression arabo-musulmane on a affaire à la répétition des signes « quelque chose d’hypnotique, presque psychédélique, aspiré dans une espèce de système kaléidoscopique. Je viens aussi d’un milieu de pensée du punk rock – c’est aussi à l’antithèse du cliché du fils d’immigré maghrébin – et ce qui m’a aussi intéressé c’est la culture alternative, en dehors du mainstream. C’est comme la culture industrielle à Mulhouse, impossible de passer à côté. Toutes ces choses combinées se sont entrechoquées. J’ai converti tout ça dans des noirs et blancs du punk rock conjugué au côté géométrique de l’arabo-musulman. J’ai longtemps expérimenté cela à travers la photo mais limité par la figuration qui assujettit à son sujet. Je trouve plus de liberté dans l’abstraction et la radicalité de la peinture ».




Informations Pratiques

KMØ Industrie + Numérique
30 rue François Spoerry, Mulhouse

Entrée libre et gratuite
Du lundi au vendredi
de 09H00 à 18H00

www.km0.info


Venir en voiture
Autoroute D68 : Sortie 3 Mulhouse-Centre, Brunstatt, Universités.
Autoroute A36 : Sortie 18a, Mulhouse-Centre.
Parkings payants à proximité.

Transports en commun
Train : 15 minutes à pied de la gare centrale.
Tram : Arrêt Tour Nessel, 10 minutes à pied.

Venir à vélo ou à pied
Station Vélocité Fonderie.
Piéton à 10 minutes du Centre-Ville.