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Une rivière débordante à la Kunsthalle

Autour du thème central de l’Ill, la rivière emblématique de l’Alsace qui traverse ce territoire du sud jusqu’à Strasbourg, la Kunsthalle a invité dix artistes à en explorer les « débordements ». Trois lieux culturels se partagent ce parcours qui débute dans le Sundgau avec le CRAC d’Altkirch, se poursuit à Mulhouse à la Kunsthalle, pour finir au CEAC à Strasbourg.

Par Dominique BANNWARTH

Guillaumit investit la façade de la Fonderie. Photo DB

 

A la Kunsthalle, « Déborder la rivière » s’annonce dès la façade sur le parvis de la Fonderie.

Guillaumit investit cet écran géant ouvert sur le quartier, avec une grande fresque interactive incitant à entrer virtuellement dans le sujet de l’Ill, en s’appuyant sur « un travail de cartographie numérique » reprenant les tracés anciens et actuels, les multiples cheminements et détournements, du cours d’eau. Ici, la réalité virtuelle augmentée est convoquée sous forme de QR code à scanner avec son téléphone portable.

Charles Prime. Photo DB

Les peintures de Charles Prime nous offrent une vision plus romantique de la rivière alsacienne que cet artiste installé à La Réunion a fréquenté à sa manière. « Chaque tableau est un portrait de l’Ill, insiste Charles Prime, l’ensemble de cette série un portrait raconté de l’Ill dans une approche réaliste ».

Les toiles de Charles Prime. Photo DB

La céramiste Angéline Dubois. Photo DB

Céramiste Angéline Dubois explore à sa manière le sujet. « J’ai cherché à représenter tous les membres de cet écosystème : l’eau, le sable, les insectes, l’écorce des arbres », explique l’artiste établie à Mulhouse. Le chapelet de terre cuite (cuisson au papier à l’ancienne) décrit ainsi une constellation vivante et sinueuse comme le fil de l’eau. Tous les objets ont été émaillés avec du sable de l’Ill, dans un souci de respect de l’environnement.

Les céramiques d’Angéline Dubois. Photo DB

Carolina Caycedo – qui vit et travaille à Los Angeles  – a filmé les saumons remontant la rivière dans les montagnes de Sawtooth dans l’Idaho. Une manière de « donner la parole » aux poissons qui peuplent l’élément liquide et qui doivent désormais aussi affronter les effets du dérèglement climatique et du réchauffement des cours d’eau qu’ils engendrent.

Marie Ouazzani et Nicalos Carrier. Photo DB

L’espace central de la Kunsthalle accueille l’oeuvre de Marie Ouazzani et Nicolas Carrier qui ont centré leur propos autour d’une plante qui colonise les bords de l’Ill : la renouée du Japon. « Une plante mal aimée », remarque Marie Ouazzani, « un souvenir d’enfance », « à l’origine, une plante médicinale ». A travers cette invasive peut se reconstituer toute l’histoire des sols, leur mémoire organiques, mais aussi les stigmatiques de l’intervention humaine. L’empreinte d’une sorte de « douleur », à l’image d’un mal qui touche un corps humain, suggère Nicolas Carrier.

« Hôte douleur » par Marie OUzzani et Nicolas Carrier. Photo DB

« Hôte douleur » par Marie OUzzani et Nicolas Carrier. Photo D

 

L’installation qui en découle se présente sous la forme d’une structure hybride, à l’image d’un réseau sanguin, comme autant de veines dans lesquelles s’épanche une infusion de plantes.

« Hôte douleur » par Marie OUzzani et Nicolas Carrier. Photo DB

Au bord de l’eau vivent de multiples espèces animales, et plus particulièrement les canards auxquels s’est intéressée Mariana Murcia. Cette dernière, à l’aide de six caméras, a filmé des familles de canards en non stop pendant 24 heures, témoignage d’une vie vernaculaire de ces habitants de la rivière.

Un film de Tanja Engelberts au fil du Rhône. Photo DB

L’artiste néerlandaise Tanja Engelberts fait pour sa part « déborder » l’exposition de son thème strictement régional. De sa source à son irruption dans l’environnement industriel de la région lyonnaise, sa vidéo du Rhône (un fleuve plus qu’une rivière… ) inventorie les paysages et les berges traversées. Elle traduit également cette exploration du rapport entre l’eau et son environnement en reproduisant en relief sur des plaques d’argile, les photographies saisies au fil de cette exploration.

Les plaques d’argile sur lesquels Tanja Engelberts imprime ses photographies du Rhône. Photo DB

La vidéo de James Web qui posent 151 questions au Rhin. Photo DB

James Webb a choisi de dialoguer avec le Rhin, lors d’un séjour à Bâle, sous la forme d’une vidéo dont les images servent de toile de fond à une série de 151 questions posées au spectateur, mais aussi au fleuve lui-même comme une entité à part entière.

« Enrcrage » une marque imaginée par Encastrable. Photo DB

Le collectif Encastrable (Antoine Lejolivet et Paul Souviron) ne passera pas inaperçu à Mulhouse durant cet été. Sa sculpture mobile s’installera, non seulement sur les berges de l’Ill, mais aussi au marché du canal couvert où le duo proposera une gamme inédite de produits et de vêtements rouge garance dont l’anagrame signale une marque nouvelle « Encrage ». La référence à la fameuse « Mer rouge » mulhousienne paraît évidente.

L’installation d’Encastrable à la Kunsthalle. Photo DB

Avec leur vélo triporteur Encastrable se manifestera au marché, mais aussi aux Jeudis du parc Salvator ou lors des animations de Vitarue… sur les berges de l’Ill.

La récupération des bois morts de la rivière, la recherche dans les archives de la Ville, pour retrouver l’histoire de l’Ill dans son parcours mulhousien, la collaboration avec des plasticiens sonores et des musiciens et la création d’une compilation sur cassette audio, la création de logos et de blasons, une ligne de vêtements allant de la casquette au maillot de bain deux-pièces en passant par le sweat-shirt ou la petite robe d’été, constituent une multitude de déclinaisons sur le thème de l’Ill, ici centrées sur les loisirs.

A travers ces interventions dans l’espace public, le « marketing » artistique développé à travers la marque d’Encrage, Encastrable entend interroger « le rapport à l’art, à la production artistique, au marché de l’art ».

Exposition du 13 juin au 26 octobre 2O25

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