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Le mycélium colonise le CRAC Alsace

Le titre de la nouvelle exposition présentée au CRAC Alsace à Altkirch éveille une légitime curiosité : Un repas sans champignons est comme un jour sans pluie.

Par Dominique BANNWARTH

Une oeuvre de Lou Masduraud. Photo DB

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Assertion quasi surréaliste imaginée par le compositeur américain John Cage qui a inspiré le commissariat collectif de l’équipe du lieu (Sandrine Desmoulin, Maria Gamboa, Sarah Menu et Richard Neyrooud), en charge de la programmation dans la continuité d’Elfi Turpin, ancienne directrice désormais responsable du FRAC Nouvelle Aquitaine, et que vient d’être nommée Elsa Vettier pour la remplacer.

Il faut donc, en pénétrant dans cet ancien lycée et ses multiples salles, ses couloirs, ses parquets qui craquent, ses grandes fenêtres qui laissent pénétrer une lumière naturelle bienvenue, se laisser aller à la découverte.

 

Comme le mycélium qui tisse ses réseaux souterrains et permet l’émergence en surface des champignons, la visite de l’exposition peut se concevoir comme une promenade essaimée de trouvailles.

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« En tant qu’être vivant, le CRAC abrite d’autres organismes : artistes, visiteur-euses et membres de l’équipe qui le transforment en permanence. C’est un lieu vivant où les oeuvres et les idées champignonnent de l’intérieur, promesses d’un renouveau qui va surgir », suggère le collectif curatorial.

Se laisser surprendre donc, au fil de cette déambulation de salle en salle, le long des couloirs.

Alexandre Caretti.
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S’arrêter sur cette ancienne ampoule suspendue au-dessus de nos têtes, comme une réminiscence de la vie de l’ancien lycée, sa sonnerie qui marque la fin de la récré ou la fin des cours, libérant ses nuées d’élèves. La mémoire retisse ici ses liens à l’initiative d’Alexandre Canetti qui a collecté des histoires d’amour d’anciens lycéens, imprimées sur des marque-pages disséminés aux alentours du centre d’art.

 

Une proposition d’Alexandre Caretti. Photo DB

Lou Masduraud.
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A cette intention rétrospective, semble répondre comme en écho dans l’espace et le temps, l’intervention de Lou Masduraud qui plonge notre regard dans les entrailles de la bâtisse, offrant un oeilleton indiscret à ce voyeurisme sentimental, révélant la structure enfouie d’une cloison, dévoilant au sol une canalisation en cuivre comme un réseau oublié colonisés par des organismes spontanés.

Lou Masduraud.
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Lou Masduraud.
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Zoe June Grant, à l’image de champignons grimpant sur des troncs d’arbres ou agrippés à leurs racines, propose des modules en bois, comme des éléments d’un mobilier domestique, qui s’agrippent aux angles, aux plafonds, comme un décor révélant une structure imaginaire.

Lou Masduraud.
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Chloé Vanderstraeten.
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Chloé Vanderstraeten déploie des sculptures en papier qui évoquent des sortes de colonnes vertébrales, éléments organiques à l’apparente fragilité, structurant un espace imaginaire.

José Miguel del Pozo.
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José Migue del Pozo laisse se déverser sa bibliothèque libérée de son garde-meubles, et qui réactive des possibles, des souvenirs inventés : « Des arrière-plans animés se dessinent tout seuls. Des villes entières sont esquissées pour la fiction sans que personne ne le ait parcourues avant que l’histoire et les personnages ne soient posés et mis en scène, rendus vivants par la nécessité de combler un vide dont il serait insuppportable d’être témoin », suggère l’artiste.

José Miguel del Pozo.
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Enfin, les vidéos de Rayane Mcirdi convoquent une autre forme de résurgence, celle des récits de migration de l’Algérie vers la France, de la vie d’un quartier populaire, dans ces périphéries urbaines déstructurées, où l’on peut s’inviter à un bar de chicha dans la rue, écouter les discussions de femmes lors d’un pique-nique… laisser la mémoire se réinventer avec les mots.

Rayane Mcirdi.
Photo DB

Rayane Mcirdi.
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Exposition au CRAC Alsace à Altkirch

Présentée du 9 février au 11 mai 2025

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